Education Numérique : Il est temps de repenser notre souveraineté des données
Il était une fois l'époque où le tableau noir et la craie étaient les seuls outils d'enseignement dont disposaient les enseignants. Nous avons depuis lors migré vers un monde où l'éducation est devenue de plus en plus dépendante des technologies numériques. Un mouvement, bien sûr, porteur de promesses et de bénéfices incontestables, comme l'élimination des frontières géographiques, un accès accru à l'information et la facilité de communication. Pourtant, une question importante se pose : à quel prix ?
Au cœur du débat se trouvent nos institutions scolaires, qui de plus en plus souvent déposent leurs précieuses ressources pédagogiques sur des plateformes gratuites et internationales. Google Docs, par exemple, est largement plébiscité pour sa facilité d'utilisation, sa flexibilité et ses capacités de collaboration en temps réel. Mais une récente enquête de ZDNet soulève une question perturbante : nos documents sur Google sont-ils vraiment à l'abri de l'intelligence artificielle de Google ?
La souveraineté des données, concept quelque peu obscur pour le grand public, est en fait un pilier essentiel de notre société numérique. Elle désigne le droit d'un pays à réguler, contrôler et protéger les informations produites sur son territoire. Lorsque nos écoles déposent des ressources sur des plateformes internationales, elles échappent en quelque sorte à notre contrôle, soumises à des lois étrangères et susceptibles d'être exploitées par des algorithmes d'intelligence artificielle.
Il convient de noter que la gratuité de ces plateformes est souvent trompeuse. Rien n'est véritablement gratuit dans notre économie moderne. Si un produit ou un service ne vous coûte rien, c'est probablement que vous êtes le produit. Les données personnelles sont devenues la nouvelle monnaie de l'économie numérique. Elles sont collectées, analysées, vendues et utilisées pour influencer notre comportement.
En fin de compte, nous devons nous demander si nous sommes prêts à troquer notre souveraineté des données contre la commodité d'outils numériques gratuits. L'éducation est le socle de notre société et le pilier de notre avenir. Nos ressources pédagogiques, ainsi que les données qui y sont liées, doivent être protégées et contrôlées par des institutions qui respectent et valorisent notre souveraineté numérique.
Pour répondre à cette énigme, nos institutions scolaires doivent envisager des solutions alternatives, comme les plateformes d'apprentissage numérique locales qui respectent notre souveraineté des données. En outre, un dialogue plus large doit être établi sur l'importance de la souveraineté des données et de la confidentialité dans notre société numérique.
La transition vers le numérique n'est pas seulement une question de commodité ou d'efficacité. C'est aussi une question de pouvoir et de contrôle. La question est donc de savoir si nous sommes prêts à laisser ce pouvoir entre les mains de géants technologiques internationaux ou si nous voulons reprendre le contrôle de notre avenir numérique. La balle est dans notre camp. Faisons le choix judicieux pour notre éducation et pour notre souveraineté numérique.